vendredi 17 juillet 2009

Musique de pécore

Il y a quelques temps, j'ai entendu quelqu'un parler de "musique de pécore" en entendant Shelter from the storm. Non. Ca c'était de la folk mon garçon. La musique de pécore, c'est la country. Mais t'as raison, Dylan en a aussi fait. Un album. Il paraît même que c'est son préféré à lui même.

Moi je l'aime beaucoup.

Je fais donc une critique de Nashville skyline, alors je me suis dit que je vais la poster ici. Je mets un lien Spotify pour écouter l'album pour les pros comme moi qui ont Spotify Rolling Eyes . À chaque titre je mettrai aussi un lien vers le site officiel de Dylan, où on trouve les paroles (vital !), et toute sa discographie gratuite en streaming. (Les liens porteront vers les chansons en question en plus, que demander de plus !)

Au plan du jour : Nashville skyline de Bob Dylan. (Site officiel : http://www.bobdylan.com/music/nashville-skyline)

Parue en 1969, cette galette de même pas 30 minutes de country-rock a un peu bouleversé tout le monde. Déjà, pourquoi même pas 30 minutes, alors que Bob nous avait sorti il y a 3 ans le premier double album de l'histoire du rock (Blonde on blonde), et nous habituait à bien remplir ses disques, avec ses titres de 6 minutes ? A posteriori, on sait que Dylan a encore fait un coup de génie, en établissant le country-rock comme un des grands genre des années 70, et de plus, vendable. Pour info, l'album a été #3 aux E-U et #1 au Royaume-Uni ; il a été enregistré à Nashville, la patrie de Johnny Cash, avec en guest, bien sûr ce dernier. Ainsi que divers musiciens talentueux de son band. On y découvre, avec stupeur, une nouvelle voix de Dylan, qu'il ne gardera que pour cet album. Il a dit par la suite que c'était suite à avoir arrêté de fumer. Mais en fait il existe quelques cassettes où il chantait déjà comme ça, bien avant. Toutes les chansons sont écrites et composées par Bob. Par ailleurs, on peut noter que c'est assez drôle qu'en 1969, cette année de libération culturelle américaine, ou tout le monde s'éclate sur du rock diabolique, où les gens vont à Woodstock voir ça en live, que Dylan lui, retourne à de la bonne vieille country... Et ne se montre pas à Woodstock. Alors qu'il devait en être une figure majeure. (Il expliquera plus tard que c'est parce que son fils était malade.)
Passons aux choses sérieuses et revenons justement en 1969 l'espace d'un instant.

Les premiers accords (Girl from the north country, qui existait déjà sur The freewheelin') sont très country, joués sur une Epiphone EJ-200, avec des bruits d'eau derrière... Ok... Puis Dylan commence à chanter. Enfin, quelqu'un. Et là c'est le drame. Personne reconnaît cette voix. Un peu à la crooner. Tout juste out of tune, de façon jolie en fait. C'est une voix que Dylan n'a jamais arborée. Mais elle convient très bien à la direction que prend l'album. Puis une grosse voix s'éveille... Johnny Cash ?! Waw. Ils se passent la parole, alternent quelques accords, Cash jouant en plus quelques arpèges. Probablement la plus belle version de Girl from the north country, a posteriori.

Well, if you go when the snowflakes storm,
When the rivers freeze and summer ends,
Please see for me if she's wearing a coat so warm,
To keep her from the howlin' winds.


Nashville skyline rag est... rag. 3 minutes et 12 secondes d'instru country très inspirée rock assez démente. De l'instru chez Bob Dylan, c'était du jamais vu, et pourtant. Bon, on a l'impression que c'est juste là pour remplir le disque, m'enfin, ça reste fendard. Les musiciens sont très bons (Bob ne fait probablement que l'harmo haha) et s'en donnent à cœur joie.

To be alone with you contient et donne la couleur avec du piano. C'est plus un rock qu'autre chose. Pas grand chose à dire, ça sonne bien, c'est sympa. Peut-être pas très inspiré, pour du Dylan, une fois.

I threw it all away est magnifique. Quelques arpèges de Bob pour commencer. Puis des accords tout doux mêlés à quelques arpèges, et un orgue très discret sur les accords en fond. Bob avec sa voix décrite précédemment, totalement à l'affiche, assez harmonieux, alternant des notes pas très faciles parfois. C'est sympa de le voir chanter aussi bien. 2:23, c'est pas assez, on en veut encore.

Ça tombe bien, il continue comme ça sur Peggy Day. Sauf qu'ici l'instrumentation est carrément rock et beaucoup moins discrète. Ca dure 2:01, c'est vraiment envoyé. (Bob est encore très légèrement faux, c'est rigolo)

Lay lady lay, future valeur sûre du chanteur, très souvent interprétée en live, et aussi dans The Essential. Elle a donné a plus de vingt reprises. Des Byrds (comme d'hab avec Dylan) à Cher, en passant par Ministry (oui oui le groupe indus'). On y découvre une percu sympa, Dylan qui continue sur sa lignée de chant depuis 2 chansons. Une instrumentation assez discrète encore.

One more night redonne de la couleur niveau instrumentation, à la Nashville skyline rag, mais en plus lent. (Guitare folk aux accords, folk aux arpèges qui s'arrache un peu, percu, piano discret.) La voix de Dylan est magnifique dessus. Mon coup de coeur avec I threw it all away et Girl from the north country. Les harmonies y sont vraiment très jolies. 2:23, c'est à nouveau encore trop court, rah ! On a aussi le droit à un break "de folie" à la folk avant le dernier couplet, et un petit final au piano qu'on a pas entendu de la chanson. Vraiment jolie.

But tonight, noOOoo light will shine on meee

Tell me that it isn't true continue dans cette veine. En moins triste, car en 7ème. (B7 A, B7 A, B7 A, E A). Aussi, le piano s'y affiche un peu plus, et on décèle même un son un peu plus électrique sur une des guitares.

Sur Country pie, on découvre un puissant country-rock ! Dès l'intro, Wilson s'arrache au piano et je ne sais qui à la guitare. Ça continuera un peu tout le long de la chanson. Dylan y chante rapidement, puissamment. Toujours dans la même veine qu'avant, mais beaucoup plus vite. Ce qui change un peu tout, et finit par faire un mix entre les chansons précédentes, et le style à la Subterranean homesick blues et It's allright Ma (qu'on qualifie souvent de précurseurs du rap ?). On alterne les solos de piano, de guitare, et les phrases chantées. C'est vraiment trop bon !
Par contre, elle dure 1:38... Mais ça lui va bien.

Dès les premiers accords de Tonight I'll be staying here with you, on sait que cette dernière va conclure l'album. Un piano assez rock, mais discret et plus lent en fond. Le reste, dans la veine de I threw it all away et compagnie. Voix y compris. On a l'impression que le band est triste de finir. Rien de particulier à noter.

Je finis l'album, j'ai un vague sourire, aussi une vague amertume qu'il dure si peu. Je vais me chercher une bud, mon paquet de Lucky, et je vais rentrer les vaches.

Bonus pour ceux qui m'auront lu jusqu'au bout, ou pour les petits tricheurs qui auront descendu sans lire : un pécore ixtrois (souriant !) avec une jolie guitare (la cover de l'album)




Super méga cadeau pour les intéressés (moi quoi) :


Dylan au Johnny Cash Show, qui nous fait I threw it all away et Living the blues en solo, puis qui passe à Girl from the north country en duet avec Cash. Excusez la qualité du son, mais c'est de la TV de 1969 quoi. Bob est vraiment magnifique à cette période (comme toujours mais bon). Là il sort de sa tronche de jeune ange, un peu mal rasé, mais pas trop. (Il a 28 ans là. Quelques années plus tard, il va finir encore moins bien rasé, puis va finir par chopper d'énormes rides de partout, et une voix complètement cassée qu'on lui connaît actuellement. C'est ça, de faire 100 concerts par an chaque année. Même encore actuellement, à 68 ans.)

(Non non, je fais pas d'obsession sur Dylan, point du tout.)